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Transatlantic (Auto)Exile
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31 octobre 2006

Nécrologie d'une thèse pour la Toussaint

J'ai pris la décision d'arrêter ma thèse. Même en restant jusqu'au
mois de mai 2007 ici à Boston, je me retrouverai au point de départ - une
femme avec une thèse à écrire à distance et dans une situation financière où
je me trouverai de nouveau obligée de travailler à plein temps - et sans
assez de temps libre pour terminer la recherche et l'écriture. Cette idée –
de plus que la souffrance de séparation que je vis actuellement - m'est
devenue insupportable.  À moins d'encore vouloir sacrifier tout mon temps
personnel avec mon mari, mes amis et ma vie en France auquels je tiens plus
qu'une thèse. Je sais maintenant avec certitude que la thèse est faisable,
que j'ai le niveau et le bagage intellectuels qu'il faut - au moins ici dans
cette université... Malheureusement, il me manque d'autres moyens pour le
terminer.

Au moins ce séjour tortueux m'a fait prendre conscience de cette réalité
d'une façon incontournable. Je sais que l'arrêter est une forme de suicide
professionnelle qui me condamne à un sous-poste d'enseignant à vie au mieux,
à un poste administratif confortable au pire. Mais je préfère cette forme de mort à l'autre,
qui me traverse l'esprit régulièrement depuis un moment. Assez de vouloir
arrêter ou remonter le temps - j'ai laissé passer ma chance et il faut en
faire le deuil. J'ai envie de retrouver une santé mentale et une certaine
forme d'équilibre que je croyais avoir avant de me lancer, il y a toutes ces
années, dans cette auto-torture intellectuelle et émotionnelle.

Et il faut que notre projet de vie, à M et à moi, avance aussi - dans un sens ou un autre. Il faut que
j'arrête de le faire souffrir, lui aussi. J'espère simplement que je ne suis
pas en train de faire fausse route de nouveau. J'espère pouvoir encaisser ce coup et
passer avec dignité à autre chose; à trouver un plaisir et un enthousiasme
pour une nouvelle forme de création qui ne repose pas sur la reconnaissance
d'un pouvoir supérieur ou extérieur à moi-même.

Voilà, je l'ai dit, l'annonce est faite ... Le processus est en marche,
j'ai lâché ma chambre, j'ai renoncé à ma bourse, j'ai informé
l'administration que je ne serai pas ici le semestre prochain.  C'est comme
une annonce d'un décès, mais la situation se prête à cette formalité.

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